
La Cathédrale de Jean Linard, joyau d’art brut en Berry, déploie ses vitraux et ses Gardiens sous le soleil – une prière de pierre, sans dieu, ouverte au ciel.
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Une escapade berruyère sous le signe de l’art
Chaque année, je profite de quelques jours dans le Berry pour me ressourcer chez ma mère. Entre balades et découvertes, nous explorons souvent les trésors cachés de la région. Cette fois, tandis que les enfants s’adonnaient à leurs activités – patins à roulettes et séance de cinéma – nous avons pris la route vers Henrichemont. Notre destination ? La Borne, ce village de potiers, puis, à quelques kilomètres, une œuvre insolite : la Cathédrale de Jean Linard.

Première impression : un écrin de douceur et de lumière
Le parking domine les toits de la maison-atelier, baigné de soleil. En contrebas, un salon de thé invite à la pause avec ses tables en palettes et ses coussins colorés. La chaleur de l’après-midi nous donne déjà envie d’une boisson fraîche, peut-être accompagnée d’une crêpe plus tard.
À la billetterie, installée dans l’atelier de l’artiste, un employé détaille déjà le parcours de la visite tout en délivrant les billets. Nous écoutons attentivement, glanant des détails pour la suite.
Plongée dans l’univers de Jean Linard
La visite débute par un court film, montage d’archives où l’artiste lui-même raconte son parcours. Avec humour et simplicité, il évoque la genèse de sa cathédrale, mais aussi la construction de sa maison, édifiée pièce par pièce, sans plan préalable. Son ton chaleureux et son regard malicieux captivent instantanément.
L’artiste derrière le rêve : Jean Linard (1931–2010)
Originaire de La Marche, ce potier, sculpteur et peintre forma son regard à Paris avant de s’installer à La Borne en 1959. Avec Anne Kjaersgaard, il métamorphosa une carrière de silex en un atelier-maison inspiré des fermes danoises. Héritier de l’Art Brut, son univers onirique mêle christianisme, bouddhisme et islam, peuplé de sculptures géantes – les Gardiens du Temple – en grès, fer et mosaïque. Un lieu où reposent aujourd’hui ses cendres, symbole d’une vie consacrée à la création.
Une découverte progressive

Dehors, la cathédrale ne se révèle pas tout de suite. Un sentier nous mène d’abord vers les Gardiens, sculptures mosaïquées aux formes géométriques. Leurs couleurs vives et leurs motifs hypnotiques dominent le paysage. Puis, au détour d’un virage, elle apparaît enfin : la cathédrale, irradiée par le soleil qui traverse ses vitraux. Les reflets dansent sur les murs, transformant l’espace en un kaléidoscope vivant.
Une cathédrale à ciel ouvert

Entre 1983 et 2010, Linard érigea ce monument de 10 mètres, assemblage audacieux de pierre, briques et vitraux. Sans dogme religieux, l’œuvre célèbre des figures de paix comme Mandela ou Mère Teresa, mais aussi des artistes qui l’ont inspiré. Les références y sont éparpillées : les noms de ses enfants et petits-enfants côtoient Facteur Cheval et Picassiette, ses pairs en art brut, tandis que Gaudí et Chagall apparaissent comme des clins d’œil à ceux qui ont osé défier les conventions.
La renaissance du lieu
En 2020, Charlotte et William, anciens élèves de chefs étoilés, découvrent ce joyau à l’abandon. Malgré les refus des banques et un site fermé pour insécurité, ils l’acquièrent en juin 2022 après 22 mois de combat. Leur mission ? Redonner vie à ce lieu unique, comme le faisait Linard. Aujourd’hui, visites guidées, créations pâtissières et newsletter animent les lieux, perpétuant l’héritage artistique… et gourmand.
Retour au salon de thé
Comme prévu, nous clôturons la journée par une pause bien méritée. Les crêpes sont dorées, les boissons fraîches, et nos esprits encore imprégnés de cette parenthèse enchantée.
La Cathédrale de Jean Linard n’est pas qu’une œuvre : c’est une invitation à rêver, à créer, et à croire en la magie des lieux où l’art et la nature ne font qu’un.






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