Mille femmes blanches – Jim Fergus

Résumé

En 1874, le chef Cheyenne Little Wolf se rend à Washington pour proposer au président Ulysses S. Grant un marché audacieux : en échange de mille chevaux, les Cheyennes accepteraient d’épouser mille femmes blanches pour favoriser l’intégration du peuple indien.

May Dodd, jeune femme enfermée par sa famille dans un asile, se porte volontaire pour ce projet quasi secret et se retrouve plongée dans sa nouvelle vie de femme squaw et les traditions d’un monde inconnu. À travers son journal intime, elle raconte son immersion dans la culture cheyenne, ses luttes et ses découvertes, offrant une perspective unique sur la rencontre entre deux mondes radicalement différents.

Mon avis

J’ai lu le prologue de ce livre il y a quelques mois, puis je l’ai mis de côté pour d’autres lectures et par manque de motivation, je dois l’admettre. Pourtant, dès les premières pages des carnets de May Dodd, je me suis laissée absorber par l’histoire.

Perspective humaine et humour sarcastique

May offre une perspective profondément humaine dans son parcours vers sa propre liberté et la découverte de ce monde décrit dans les journaux de l’époque comme sauvage et cauchemardesque. Son humour très sarcastique, tant sur la société occidentale que sur la société ‘primitive’ des Cheyennes, permet une immersion dans la lecture avec beaucoup d’émotion et de sensibilité.

Un personnage complexe mais attachant

May est un personnage complexe et attachant. Complexe, car malgré son côté réfractaire à la bienséance de la bonne société, elle ne peut nier totalement son éducation. Son regard sur la réalité est plus acéré que celui de ses compagnes issues du même monde. Attachante, car elle fera tout pour s’adapter à sa nouvelle communauté, acceptant avec peu de résistance l’organisation familiale et sociétale, la comparant à celle des Blancs avec une objectivité très évoluée pour l’époque.

La description des paysages et des traditions cheyennes crée un cadre à la fois authentique et poétique. May n’oublie pas de parler de ses compagnes blanches ou des autres membres de la tribu qui, avec leurs caractères et leurs histoires très différents, ajoutent une richesse et une profondeur à la lecture.

Une réflexion sur les enjeux culturels

Ses réflexions aident à comprendre les enjeux complexes de deux mondes totalement différents, dont l’issue, comme nous le savons, sera fatale pour les individus autochtones de ce pays.

Comprendre cette partie importante de l’histoire américaine, c’est aussi comprendre comment une société dominante s’est bâtie sur l’incompréhension d’une autre culture (au nom d’une religion dévoyée du discours original — avec deux religions blanches qui s’affrontent aussi dans le livre), l’imposition d’une civilisation conquérante au détriment des peuples présents depuis des millénaires, le cynisme qui nous amène à nous interroger sur qui est le plus sauvage des deux clans, et surtout le massacre de milliers d’individus.

Impact personnel et inspiration

L’histoire des Amérindiens m’a longtemps rendue amère durant ma jeunesse, d’autant plus en sachant que la ségrégation et la haine envers ce peuple existent toujours. Leur récit, leur mode de vie, et surtout leur mode de pensée m’ont souvent inspirée et m’ont aidée à forger une vision presque aussi vive que celle de May.

Les tomes suivants, liés à la vengeance des femmes blanches envers le massacre de leur famille adoptive, vont vite rejoindre ma pile de livres à lire.

Citations

Phémie est une jeune femme noire, réfugiée à Chicago après s’être échappée de l’esclavage. Elle s’est portée volontaire pour gagner sa liberté et ne plus avoir de comptes à rendre aux hommes et aux Blancs. Elle a donc une vision claire de l’intégration et de la liberté. Voici ce qu’elle dit à May lors de leur discussion sur les réserves indiennes :

Notre histoire, celle que ma mère et moi avons vécue, est celle d’un peuple arraché à son pays d’origine pour être réduit en esclavage dans un territoire inconnu. De même, l’histoire des Cheyennes est celle d’un peuple exilé de ses terres et massacré s’il refuse de se plier. Tu parles d’intégration ? D’assimilation ? Non, notre histoire commune a un autre visage : celui du meurtre, de l’expropriation, de l’esclavage.

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