
“Aponi, l’ambre de ses yeux”, premier roman d’Aurore Abeels, raconte la quête initiatique d’Ambre entre spiritualité, émotions et découvertes inattendues.
Résumé
Cela fait douze ans qu’Ambre pleure la disparition de son père. Officiellement considéré comme un suicide, ce drame reste pour elle un mystère. Après de longues années de thérapie, à 24 ans, elle semble avoir trouvé un certain apaisement, même si la colère contre sa mère et son entourage demeure.
Lors d’une sieste, Ambre vit une expérience étrange : elle s’envole hors de son corps et rencontre un Amérindien, guide spirituel chargé d’accompagner les vivants dans leurs voyages astraux. Convaincue que ce lien est la clé pour comprendre la vérité, elle décide de retourner sur les lieux où son père a disparu, en Croatie, accompagnée de sa meilleure amie Kate, de son demi-frère Lenny et de leurs compagnons de route.
Durant ce road trip en van, l’amitié, les tensions amoureuses et les mystères familiaux s’entrelacent. La relation d’Ambre avec son petit ami Diego se révèle décevante, alors qu’une rencontre inattendue avec Josh, l’Amérindien de ses rêves, bouleverse son existence. À travers lui, elle découvre l’âme sœur et les raisons de la mort de son père.
La narration à la première personne plonge le lecteur dans les émotions brutes d’Ambre : colère, doute, vulnérabilité et désir.
Mon avis
Ce roman est le premier d’Aurore Abeels, une jeune autrice belge rencontrée lors du salon Love Story de Mons en mars 2025. Cela lui confère à la fois une fraîcheur indéniable et explique certaines maladresses de jeunesse perceptibles dans la narration.
Une héroïne en quête de sens
Ambre apparaît comme une jeune femme simple, un peu introvertie et encore marquée par ses blessures d’enfance. Son emploi dans une ferme souligne son besoin de stabilité, mais elle reste indécise sur son avenir. Sa colère contre sa mère et son entourage traduit une difficulté à transformer sa souffrance en résilience. La rencontre avec Josh, d’abord spirituelle puis charnelle, agit comme un déclencheur : elle s’ouvre à de nouvelles émotions et à une part de spiritualité qui lui manquait.
Pour ma part, je n’ai pas vraiment réussi à m’attacher à Ambre. Est-ce dû au fait que sa mentalité correspond à celle d’une femme vingt-cinq ans plus jeune que moi ? Probablement. Ses réactions parfois excessives et ses hésitations appartiennent à une autre génération, ce qui a créé une certaine distance dans ma lecture.
Des personnages secondaires contrastés
J’avoue avoir eu du mal à m’attacher à Diego. Il incarne l’archétype du jeune homme charmeur mais peu fiable. Attirant au premier abord, il finit par sembler plus fonctionnel qu’authentique, comme un contrepoint destiné à mettre en valeur l’intensité de la relation entre Ambre et Josh.
Lenny, le demi-frère d’Ambre, aurait mérité un approfondissement plus marqué. Introduit comme un perturbateur venant bousculer l’équilibre familial déjà fragile, il semblait d’abord être un élément de conflit. Au fil du récit, Ambre le découvre sous un jour plus positif, notamment à travers le développement de sa relation avec Kate. J’ai trouvé cette évolution intéressante : il s’est révélé plus attachant que je ne l’imaginais, même si j’aurais aimé que l’autrice aille plus loin dans cette exploration fraternelle.
Kate, quant à elle, demeure surtout une figure de soutien fidèle. J’ai apprécié sa présence constante aux côtés d’Ambre, mais c’est surtout sa complicité avec Lenny qui m’a surprise et donné une profondeur inattendue à ces deux personnages.
La figure de Josh et ses zones d’ombre
En tant que lectrice familière des Amérindiens des Plaines, comme les Sioux, j’ai ressenti une véritable confusion face aux origines floues de Josh. Tantôt décrit comme Sioux, tantôt Catawba, j’ai eu du mal à situer son appartenance réelle. À certains moments, les références à la jungle m’ont même donné l’impression qu’il s’agissait d’un Amérindien d’Amérique du Sud. Cette imprécision affaiblit la cohérence du personnage, alors même qu’il est au cœur du récit.
Une plume accessible et fluide
J’ai trouvé l’écriture légère et fluide, ce qui m’a permis de me plonger facilement dans l’histoire et de la lire rapidement en seulement trois jours. La narration à la première personne plonge le lecteur directement dans les émotions d’Ambre, ce qui permet de partager ses doutes et ses colères en direct, mais limite en revanche la profondeur psychologique des autres personnages.
Conclusion
Une lecture immersive qui m’a permis de voyager avec Ambre, entre émotions, rêves et découvertes inattendues, dans ce premier roman prometteur d’Aurore Abeels.
Références bibliographiques
Date de publication : 2024, Les éditions explicites