Le monde véritable de Jim Fergus

Le Monde véritable plonge le lecteur dans un univers où les frontières entre réalité et rêve s’effacent.

Après une tempête dévastatrice, les cheyennes, guidés par une vieille femme aveugle, accède à une terre mythique : le Monde véritable.

La quête d’une terre sans violence

Dans ce sanctuaire, humains, animaux et esprits cohabitent en paix, libérés des maux du monde des vivants : guerres, famines et violences ont disparu ; Blancs, Indiens et Noirs y vivent enfin en harmonie. Mais ce paradis est menacé.

Une voyageuse venue d’un autre temps traverse les limites de ce monde pour livrer un avertissement : un danger imminent plane, capable de briser cet équilibre fragile. Entre prophétie et réalité, les membres de la tribu devront choisir entre protéger ce havre ou affronter une nouvelle épreuve, où les choix du passé pourraient bien sceller leur destin.

Ce tome, cinquième volet de la saga Mille femmes blanches, clôt une épopée où histoire et légendes s’entremêlent, interrogeant la possibilité d’une rédemption collective face aux traumatismes de l’Amérique du XIXe siècle.

Molly McGill, une héroïne en quête de paix

Introduite dans La Vengeance des mères, Molly McGill incarne une résilience sans illusions. Contrairement à May et Martha, qui choisissent de retourner dans le monde des Blancs (voir May et Chance), elle opte pour une rupture définitive avec un passé marqué par la prison, l’exil et les massacres.

Sa décision de rester dans le Monde véritable avec son mari Hawk et quelques femmes blanches n’est pas un rêve, mais un choix pragmatique : après des décennies de survie en territoire hostile, elle cherche enfin une stabilité pour fonder une famille.

N’est-ce pas merveilleux de nous coucher le soir sans craindre d’être attaqué le matin par l’armée ou par une tribu ennemie qui l’une comme l’autre, ne pense qu’à nous réduire en esclavage, nous violer et nous tuer nous et nos enfants ?


Lorsqu’on a subi ce que nous avons subi toi les femmes de nos groupes et moi, nous ressentons comme les natifs, le besoin essentiel de vivre en paix. Alors oui, la tranquillité et la sécurité dont nous profitons maintenant ont quelque chose d’un vrai luxe. Nous avons la grande chance d’avoir trouvé cet endroit unique. 

Phemi

Molly Standing Bear : la passeuse entre les mondes

Introduite dès le 2ᵉ tome comme gardienne des récits (elle transmet les carnets de Suzie, Molly et May à JW Dodd), Bear – ou Molly Standing Bear – joue un rôle clé dans Le Monde véritable.

Bear traverse la tempête pour rejoindre Molly, armée d’un avertissement crucial : leur paradis est menacé. Mais son vrai défi est de convaincre Molly, pragmatique et cartésienne, d’accepter les règles de ce monde véritable où la logique scientifique n’a plus cours. Son message est clair : « Ici, il faut lâcher prise » – une leçon difficile pour Molly, habituée à contrôler son destin par l’action ou l’écriture.

Contrairement à Molly, Bear incarne une sagesse hybride : elle respecte les traditions de son peuple et comprend la mentalité des Blancs. Son arrivée n’est pas un hasard : elle matérialise le pont entre le monde ancien et le Monde véritable, entre rationalité et spiritualité. Sans elle, Molly resterait prisonnière de son réalisme, incapable de voir la menace invisible qui pèse sur leur havre.

Bear n’est pas une prophétesse, mais une passeuse : elle guide sans imposer, et son rôle rappelle celui des intermédiaires culturels historiques (comme les métis ou les traducteurs entre colons et Amérindiens).

On a pas toujours réponse à tous, ma poulette. Arrête de te creuser les méninges. Le mieux est de reconnaître sa chance, d’en profiter et d’encourager les autres à en faire autant.

Gertie

Jules Seminole : Quand le mal franchit les frontières de la mort

Jules Seminole, antagoniste récurrent de la saga, incarne la haine pure – un Cheyenne banni, obsédé par la destruction des femmes, blanches ou indiennes.

Après avoir terrorisé May, Martha et Molly (cette dernière l’a affronté à plusieurs reprises), il trouve une dernière vengeance posthume : malgré sa mort dans le monde réel (tué par Martha et May, qui lui ont arraché le cœur), il franchit la barrière du Monde véritable, accompagné d’une horde de zombies – une armée spectrale évoquant chez moi la déferlante des Huns dans Mulan.

Face à cette menace, le Peuple, démuni d’armes mais pas de courage, se place en défense. Molly, qui connaît son ennemi, organise la résistance sans illusion : elle sait que la force brute ne suffira pas.

Mais c’est la nature elle-même qui répond à l’appel. Les animaux (rapaces liés à Hawk, canidés alliés à Bear) et leurs amis morts ressuscités (comme Meggie, Suzie et leurs jumelles) se dressent contre Jules, le submergeant sans qu’un seul humain n’ait à frapper.

Une victoire sans violence, où le sacré triomphe du mal – mais où la menace rappelle que même la paix a un prix.

Pourquoi faut-il que le paradis se transforme en enfer, Molly? a-t-elle jeté d’un air abattu. Cela n’en finira donc jamais ? 

Phemie

Le Monde véritable : Entre rédemption et questions sans réponse

Pourtant lectrice de littérature indienne depuis de longues années, ayant une affinité avec leur mode de pensée sans l’avoir cependant approfondi, je n’ai pas réussi à pénétrer ce monde véritable, un peu comme Molly.

Ce paradis soulève chez moi des questions : pourquoi certains morts reviennent-ils (comme Meggie, Suzie ou les jumelles), tandis que d’autres (la mère et la fille de Hawk, par exemple) restent absents ?

La victoire contre Jules Seminole, sans violence humaine, suggère que ce monde fonctionne selon des lois autres – où la nature et les esprits règlent les conflits. Molly atteindra cette compréhension à la fin avec la venue de sa fille Clara. Une ambiguïté qui fait la force du roman – et qui laisse planer une question : Et si le Monde véritable n’était qu’un rêve collectif, une dernière résistance avant l’oubli ?

Cette part de mystère montre bien que j’ai un esprit trop rationnel et blanc (comme le remarquerait ironiquement Bear).

Idées et analyse personnelles, structure et reformulation IA

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