Paradis Perdus – Eric-Emmanuel Schmitt

Découvrez le voyage initiatique de Noam, entre admiration paternelle et quête de soi. Une épopée captivante !

Résumé général

Dans le premier tome de sa série « La Traversée du temps », Éric-Emmanuel Schmitt raconte la genèse de l’histoire humaine à travers le personnage de Noam, fils d’un chef de village. Noam cherche à se définir par rapport à son père, qu’il admire et respecte. Cependant, en grandissant, il réalise que cet homme, plus chef que père, se permet tout : mensonges, crimes, violence, castration et vol. Refusant de suivre ce chemin, Noam entreprend un voyage de découverte de soi. Au fil de sa vie, il fait des rencontres marquantes, quitte son village pour mieux y revenir, et apprend à connaître le cœur des hommes, la nature et les femmes, dont Noura. Entre drames et amours, il est confronté à un événement qui bouleverse sa communauté et son destin.

Mon résumé

Dans le présent, confronté à nouveau à la solitude dans une ville en guerre, Noam décide de raconter sa vie. Jeune homme, il découvre son futur rôle de chef et la trahison de son père. Il quitte alors son village, déterminé à ne jamais y revenir. C’est là qu’il rencontre Barak, son oncle, un autre homme trahi par Pannoâm, qui devient presque un père adoptif pour lui. Rappelé au village par Noura, il choisit d’y rester et d’affronter un nouveau drame. Au fil de son récit, nous apprenons que Noam est en réalité Noé, ainsi nommé par les générations futures. Le médecin du village l’informe d’une catastrophe imminente venant du Lac. Noam décide alors de construire de grandes maisons capables de naviguer. Lorsque le désastre survient, peu parviennent à se réfugier dans l’embarcation. Pendant un mois, ils dérivent sur les eaux, affrontant la faim, la soif et la mort. Alors qu’ils approchent d’une île, Noam et Noura se querellent sur la plage. Interrompus par un orage, ils se réfugient dans une caverne au moment où la foudre frappe Noura. Depuis cet incident, Noam ne vieillit plus. Pour éviter les rumeurs et protéger son fils, il décide de s’éloigner et de voir sa famille grandir de loin. Après la mort de Cham, Noam s’éloigne. Il longe la mer, découvre de nouvelles civilisations et acquiert de nouveaux savoirs. Il observe la transformation de l’homme, passant de celui qui vivait en harmonie avec la nature à celui qui cherche à la dominer. Ce changement de comportement influencera et façonnera les générations futures.

Mon avis

Je ne connaissais Noé que par l’histoire de l’Arche dans la Bible. Éric-Emmanuel Schmitt, quant à lui, s’inspire de diverses origines de ce récit, des Sumériens aux Grecs, et utilise la voix de Noam pour raconter l’histoire de l’humanité. Ce premier tome couvre une période de moins de deux siècles, suffisante pour expliquer la naissance d’une religion monothéiste, la transition d’une vie autonome en communauté vers une dépendance mutuelle, et la perte de la liberté individuelle – tout en conservant le respect d’autrui – au profit des tyrans. C’est un véritable hymne à l’humanité.

Citations

Que vaut il mieux ? L’amour ou la liberté ? (…) L’amour, sans hésitation ! Moi qui est usé et abusé de la liberté durant des années, j’en ai soupé ! La liberté de tout faire, mais pour quoi faire ? Une marque d’échec, la liberté, une maladie de solitaire, un handicap de paumé ! (p. 386)

L’étranger dérange. Rien de plus spontané que la méfiance qu’il provoquait. (…)
L’hospitalité effaçait progressivement le trouble. Recevoir l’inconnu, lui donner à boire, à manger, lui fournir un endroit où dormir nous permettait de l’apprivoiser, de retrouver des points communs sous les épineuses différences. L’hospitalité le réintégrait à la famille humaine – et, ce faisant, l’élargissait.
Le dénigrement, lui, accentuait le malaise. Au lieu de réduire la distance, il la creusait. L’étranger, gangréné par des soupçons de bêtise, de cruauté, de paresse, était assimilé à une espèce inférieure, en possédant plus d’humain que les traits.
L’hospitalité est réfléchie, la xénophobie pulsionnelle. Si la sagesse de l’hospitalité constitue un chemin de paix, la passion xénophobe a pour seul horizon la violence et la guerre.
(p.501)

(…) Les travaux avaient été divisés, les habiletés réparties, les savoirs morcelés. (…) Fin de l’autonomie ! Chacun comptait sur chacun. L’impuissance rôdait. La spécialisation du savoir-faire avait supprimé le pouvoir-faire. Les hommes dépendaient des uns des autres, condamnés à la vie collective.
(…) Le monde ancien avait constitué le temps de la connaissance partagée ; le nouveau déclinait celui de l’ignorance partagée. (p. 576)

La spécialisation préserve ceux qui ne savent pas faire beaucoup. Au fond, la civilisation a permis la survie des génies et des crétins. Le crétin n’est bon à rien, le génie bon à une seule chose. (p.577)

Quel que soit l’âge auquel on apprend la mort de ses parents, ce jour-là tue l’enfant. Devenir orphelin, c’est devenir veuf de son enfance. p.554

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