
Comment jamais plus subir la violence conjugale.
Résumé
Lily Bloom a eu une enfance difficile avec un père violent envers sa femme. Atlas, un jeune SDF, lui a été rejeté par sa mère et vit dans la maison abandonnée derrière chez elle. Il l’aide à surmonter cette période difficile jusqu’au jour où le père de Lily les surprend ensemble et bat presqu’à mort le jeune homme.
Dès que possible, Lily part pour Boston et décide d’ouvrir un magasin de fleurs. Elle rencontre Ryle, un ambitieux neurochirurgien. Ils sont tous les deux attirés l’un et l’autre et décident de vivre une relation. Mais le comportement de Ryle, quand la colère l’emporte, casse rapidement leur histoire sentimentale.
Mon avis
Lily fait partie des chanceuses dans les femmes battues, bien que je ne veux pas dire qu’être légère battue soit une chance. Cela ne devrait pas arriver. Ici, l’intérêt de ce livre est qu’elle décide de le quitter tout de suite malgré l’amour qu’elle peut encore lui porter. Ce qu’elle a vécu enfant avec ses parents lui donne déjà les clés de ce qui n’est pas acceptable. Elle a un entourage sur qui elle peut compter en Atlas et la soeur de Ryle. D’ailleurs, ce que dit sa mère sur les limites et sur la difficulté de ces femmes, comme elle, de quitter un homme qui les bat est très profond et explique la situation dans laquelle elle même n’a pas réussi à mettre un frein. De même, l’excuse de la violence de Ryle dans la mort de son frère par sa faute, ne peut ici servir à adoucir ses actes et ses manipulations.
Du fait de la simplicité de l’histoire et la clairvoyance de Lily, le message passe beaucoup mieux pour moi que toutes les autres livres que j’ai lus sur ce genre de situation. Cependant, il est vrai qu’il manque une profondeur dans certains sujets.
Thèmes abordés : violence conjugale, manipulation, soutien émotionnel et familiale, dégât des armes à feu.
Citations
Les gens passent leur temps à se demander pourquoi les femmes [battues] ne s’en vont pas. Où sont les gens qui se demandent pourquoi les hommes les maltraitent ? Ce n’est pas sur eux qu’il faudrait plutôt tourner ses reproches ?
Il faut consacrer beaucoup de douleur et de courage pour rompre un schéma familier. Parfois il me semble plus facile de poursuivre une routine cruelle plutôt que d’affronter la peur de s’en évader, au risque de ne pas atterrir sur ses pieds.
Facile, vu de l’extérieur, de croire qu’on s’en irait sans se retourner si une personne venait à vous maltraiter. Facile de dire qu’on ne pourrait jamais plus aimer l’homme qui vous a frappée quand on n’est pas dans la peau de celle qui l’aime.
— Je vois très bien ce que tu veux dire, Lily. Mais il ne faut pas dépasser tes limites. N’oublie jamais ça.
Je ne vois pas trop ce qu’elle veut dire par là. Elle s’en aperçoit et s’explique :
— Nous avons tous des limites. Ce que nous sommes prêts à supporter avant de capituler. Quand j’ai épousé ton père, je savais exactement jusqu’où je pouvais aller. Mais peu à peu… après chaque incident… mes limites reculaient davantage. Et encore. Et encore. La première fois qu’il m’a frappée, il s’est excusé aussitôt. Il a juré que ça ne se reproduirait jamais. La deuxième fois, il était encore plus désolé. La troisième, c’était allé plus loin. Il m’avait rouée de coups. Et, chaque fois, je revenais avec lui. Mais, la quatrième fois, ça n’a été qu’une gifle. Du coup, je me suis sentie soulagée. Je me rappelle avoir pensé : « Au moins, il ne m’a pas battue, cette fois-ci. Ce n’était pas trop grave. »
Je me suis remise à pleurer et elle aussi. Elle porte de nouveau la serviette à ses yeux.
— Chaque incident mord davantage sur tes limites. Chaque fois que tu décides de rester, ça devient plus difficile de partir la fois suivante. Finalement, tu perds de vue tes limites, parce que tu commences à te dire :
« J’ai tenu cinq ans. Pourquoi pas cinq de plus ? » Elle me reprend les mains alors que je sanglote.
— Ne fais pas comme moi, Lily. Je sais, tu crois qu’il t’aime et je suis sûre que c’est le cas. Mais il ne t’aime pas comme il faut. Il ne t’aime pas comme tu le mérites. S’il t’aimait vraiment, il refuserait de reprendre la vie avec toi. Il déciderait lui-même de te quitter afin de ne plus jamais te faire de mal. Voilà le genre d’amour que mérite une femme, Lily.
Je regrette de tout mon cœur qu’elle sache ces choses-là d’expérience. Je la serre dans mes bras.